La Voix du Nord | 21.12.2021
Dans son nouvel écrin, la gare d’Hénin-Beaumont ne passe plus inaperçue
Un chantier de longue haleine a été inauguré vendredi soir, celui du réaménagement du pôle multimodal de la gare. Avec désormais un vrai parvis et une mise en lumière la nuit, le lieu a été métamorphosé.

On ne sait pas si on verra un jour une nouvelle gare à Sainte-Henriette pour le très hypothétique projet de réseau express Grand Lille. En attendant, la gare historique d’Hénin-Beaumont[1] a droit à un nouvel écrin qui la met en valeur. « Une nouvelle ère s’ouvre pour elle », a même déclaré le maire, Steeve Briois, vendredi soir, lors d’une inauguration marquant la fin de longs mois de chantier.

Si le bâtiment de la SNCF n’était pas directement concerné par les travaux, il a le droit à une nouvelle mise en lumière. Et, surtout, tous les abords ont été réaménagés pour faire du site un « pôle d’échanges multimodal ». Exit le parking juste devant la gare, un vrai parvis est venu le remplacer. Pour compenser, celui qui borde la rue Parmentier a été agrandi et réagencé. Il compte désormais 120 places dont deux équipées d’une borne de recharge électrique. Par ailleurs, un petit parking de 24 places a été créé à l’angle des rues Barbusse et de la Perche. La démolition de l’ancienne maison du garde-barrière a permis d’aménager un chemin piétonnier entre ce parking et la gare. Une centaine d’arbres (érables, frênes, acacias, tilleuls…) ont également été plantés.


D’autres travaux en vue
L’investissement se chiffre, au final, à 3,2 millions d’euros, dont près d’1,5 million de subventions octroyées par la Région, l’Europe, l’agglomération d’Hénin-Carvin, l’Agence de l’eau et la Fédération départementale de l’énergie. Objectif : soigner ce qui demeure une entrée de ville et « contribuer à favoriser l’utilisation du train », a également dit le maire.

L’aboutissement de ce chantier ne marque pas la fin des travaux dans ce secteur. La passerelle de la rue Barbusse doit encore être supprimée, tandis que la SNCF prévoit de mettre aux normes d’accessibilité le quai nº 2 (pas avant 2025). Enfin, tout le quartier derrière la gare, rue La-Bruyère, doit être requalifié, en partenariat avec le bailleur Maisons et cités et l’Établissement public foncier. Début de ces travaux très attendus en 2024, a annoncé Steeve Briois.
[1] Elle existe depuis 1859 (avec pour première vocation le transport de charbon) et le bâtiment actuel date de 1931.
Le Journal des Flandres | 18.12.2021
Ça y est, les élus de Bierne ont choisi l'option pour la future piste cyclable pour rejoindre Bergues
C'est le sujet qui a nécessité le plus de discussion, lors du conseil municipal du 14 décembre à Bierne. Une délibération qui n'a pas réussi à mettre tout le monde d'accord.
Le sujet de la création d’une liaison douce Bierne-Bergues a de nouveau été évoqué lors du conseil municipal du 14 décembre. Et il a de nouveau suscité les débats.

Après les échanges, la réunion publique du 24 septembre et la consultation de la population, une quatrième option avait été dévoilée lors du conseil d’octobre, histoire de « mettre tout le monde d’accord ». Mais, deux mois plus tard, la donne a semble-t-il changé. « On a travaillé sur le sujet, rencontré les partenaires et lors d’une visite sur le terrain le 29 novembre dernier, le chemin (qui est sur le parcours de l’option 4, ndlr) était complètement sous l’eau, annonçait le maire Jacques Bléja. On en a discuté, et on pense que cette option ne peut plus être retenue car cette partie est complètement inondable. » Option retirée du projet.

Voici le tracé (du cabinet Verdi réalisé pour la municipalité) qui a été approuvé lors du conseil du 14 décembre.

Donc, retour à la case départ. Mardi 14 décembre, les élus devaient voter soit pour l’option 1* soit pour l’option 3**.

« Si ça prend l’eau, il faudra recommencer »
Au départ du projet, la majorité du conseil aurait opté pour le choix nº 3. Mais pas Ludovic Fontaine, de l’opposition. « Comment on peut accepter l’option 3, si l’option 4 n’est pas retenue alors qu’il y a aussi une partie inondable ? Si des gamins passent, et que c’est inondé, on les fait passer par où ?, s’interrogeait-il. Si ça prend l’eau, il faudra recommencer. »
L’élu était déterminé : « Quel est l’intérêt de faire la liaison douce sur une route pas sécurisée à 100 % ? », demandait-il, relancer la sécurisation de la route de Bergues « une bonne fois pour toutes ».
« On est allé sur le terrain et on a emprunté cette piste enherbée, et on n’a pas eu les pieds dans l’eau ! », assurait le maire, évoquant l’option 3.

13 voix pour, 1 contre, 1 abstention
Son premier adjoint, Sébastien Lescieux, est revenu sur l’impossibilité de refaire complètement la route départementale. « Cela a été refusé par le Département. On pourra y revenir, mais d’ici 10-15 ans. Alors, on fait quoi en attendant ?, lançait-il à l’opposition. Quand on voit le remplissage des fossés, à ras bord, c’est une hérésie de les buser pour moi ! »

Pour l’adjoint, une seule option est réalisable « à court terme » : l’option 3. Même si « elle n’est pas parfaite, c’est sûr », reconnaissait-il. « Mais si on attend la solution parfaite, on ne la fera pas. On a déjà attendu 30 ans ! »
Avec 13 voix pour, 1 abstention, 1 contre, l’option 3 a été adoptée. Estimant ne « pas avoir tous les éléments » en sa possession, l’opposition n’a pas participé au vote.
Les travaux devraient démarrer en 2022.
*élargissement de la voirie, fossés à buser, acquisition de 220 m2 de foncier, traversée de la route départementale, 400 000 euros. **réaliser la liaison douce sur le chemin des Pieds de coteaux, qui longe les watergangs, rallongeant la distance de 150 m, isolé de la Départementale, 196 000 euros.
VERDI | 11.12.2021
Albert : Inauguration de l'espace Emile Leturcq
Désormais, les Albertines et les Albertins disposeront d'un espace réinventé : une zone partagée, inclusive, sécurisée, dans un environnement durable et apaisé. Un lieu de convivialité modulable, bientôt végétalisé, et pensé pour concilier tous types d'activités ou d'événements.

VERDI | 07.12.2021
Longueil : Construction d'une station d'épuration de 4 300 EH
Ce mardi 7 décembre, la première pierre a été posée sur le chantier de la nouvelle station d'épuration pour le compte de la Communauté de Communes Terroir de Caux.
les travaux de dimensionnement et d’équipement de la station d’épuration de Longueil, s’inscrivent dans le projet d’aménagement global de la Basse Vallée de la Saâne. D’une capacité de traitement de 4 300 équivalents-habitants, la station collectera les eaux usées des communes d’Ouville-la-Rivière, Longueil, Gueures, Brachy, Saint-Denis d’Aclon, Thil Manneville et Ambrumesnil d’ici mars 2023.


Constuction21 | 03.12.2021 | Eric Larrey
Évaluer et simuler l'impact des solutions de lutte contre l’inconfort thermique et les îlots de chaleur urbains (ICU)
La lutte contre les ICU, et plus généralement l’inconfort thermique en ville, passe par plusieurs leviers qui n’ont pas tous le même impact et qui ne sont pas forcément adaptés à toutes les morphologies urbaines. Lesquels mobiliser, où et pour quels retours ? Une solution pour identifier les leviers adaptés passe par le triptyque acquisition et traitement de données, modélisation et simulation.
 
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VERDI | 02.12.2021
Espaces verts de la ville de Vichy, îlot de chaleur
Les habitants ont désormais accès en temps réel à l'ambiance thermique de 6 des 29 sites instrumentés du territoire. Un réseau de capteurs installé par VERDI, qui assure le traitement de l'information afin d'assister le service des espaces verts et de fournir des préconisations d'aménagement pour lutter contre les îlots de chaleur urbains et le rechauffement climatique.
Un développement réalisé en partenariat avec HXPERIENCE.
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VERDI | 02.12.2021
Convention des Entreprises pour le Climat, la session 3 démarre aujourd'hui !
Et si on valorisait ce qui compte vraiment ? 150 entreprises en quête d’une nouvelle boussole.
La session 3 de la Convention des Entreprises pour le Climat, une initiative qui a pour but d’aider les entreprises à agir pour le climat et la biodiversité, démarre aujourd'hui jeudi 2 jusqu'au samedi 4 décembre, à Nantes.
3️⃣ Dans la continuité du questionnement de son modèle économique et de sa raison d'être pour une soutenabilité forte, cette session 3, intitulée "Nouvelle boussole", explore les nouvelles façons de mesurer la performance de son entreprise, pour valoriser ce qui compte vraiment. Ses objectifs sont :
✔ Identifier comment une comptabilité augmentée peut être un levier pour la transformation écologique et sociale de l’entreprise
✔ Comprendre comment les acteurs financiers - publics, privés, actionnaires, banques - accompagnent les entreprises engagées dans une transformation environnementale en profondeur
✔ Approfondir les échanges entre dirigeants d’une part, les politiques et l’administration d’autre part

🌍 150 entreprises sont engagées dans l’aventure CEC, leurs dirigeants et planet champions, au nombre de 240, suivent un parcours “apprenant-agissant” de 12 jours sur 8 mois pour comprendre les mécanismes du climat et de la biodiversité, et définir la feuille de route de redirection écologique de leur entreprise !

✨ A l’approche de l’événement, nous, bénévoles, intervenants experts, dirigeants, planet champions, garants, partenaires, sommes impatients de nous retrouver pour continuer à avancer tous ensemble vers notre objectif commun de transformation de l’économie française !

🔔 Chaque soir de la session 3, un récit photo est publié sur la page Linkedin de la Convention des Entreprises pour le Climat, abonnez-vous pour être informé !
Urbanisme | n°422, novembre 2021 | Julien Meyrignac
“ Designer, cela veut dire que nous nous engageons ”
Verdi, groupe indépendant créé il y a trente-cinq ans à Lille, est devenu un acteur de référence et engagé de l'ingénierie. Caractérisé par deux engagements forts : la plus grande proximité avec tous les territoires – notamment ceux qui peinent à trouver des compétences en la matière – et une mobilisation dans le domaine de l'écologie et du développement durable. Rencontre avec son Directeur général, Olivier Renaud.
Comment le groupe Verdi a-t-il investi le domaine très large et pourtant très spécifique de l’ingénierie territoriale et urbaine ?
À l’origine, mon père, Yves Renaud, ingénieur qui travaillait dans une société de travaux publics, a créé en 1987 une société d’études et de maîtrise d’œuvre sur une intuition : l’État, les directions départementales de l’Équipement (DDE, ancêtres des DDT-M) allaient se désengager des prestations de services, des marchés, au service des collectivités. Il a d’ailleurs recruté bon nombre de fonctionnaires et contractuels de l’État qui l’ont suivi dans l’aventure du conseil privé, à l’origine dans les domaines des infrastructures, puis de l’aménagement urbain, en agrégeant des compétences sur les problématiques idoines : hydraulique, ouvrages d’art, etc.
Rapidement, il a ouvert des agences régionales de B&R Conseil (nom de la structure d’origine, NDLR), principalement dans la moitié est du pays, pour être au plus proche du terrain, de la commande et des missions. Ces implantations étaient essentiellement dans des villes moyennes, le credo étant « pour faire de l’ingénierie territoriale, il faut des agences territoriales ». Cela peut sembler tomber sous le sens aujourd’hui, avec le retour en grâce des territoires, mais à l’époque beaucoup d’observateurs ne comprenaient pas ce choix.
Puis, au début des années 1990, les collaborations avec son frère, mon oncle, Pierre Renaud, architecte et surtout urbaniste – qui avait créé une société pionnière et reconnue, la Sorepa –, se multiplient, notamment autour des études environnementales : études d’impacts, schémas directeurs d’assainissement adossés aux documents d’urbanisme, etc.
À ce moment-là, mon père a mesuré la logique technique autant que l’intérêt économique d’une intégration verticale des métiers ; et les deux sociétés ont progressivement fusionné et développé une approche intégrée de la planification territoriale et de l’aménagement urbain et rural, très structurée autour de l’environnement dans toutes ses dimensions.
Enfin, troisième étape, à la fin des années 2000, alors que jusqu’à présent le groupe s’était développé de manière organique, il rachète un ensemble de sociétés spécialisées dans l’ingénierie du bâtiment dans toutes ses composantes – y compris la maintenance – basées dans le Sud-Ouest. Ce rachat répondait à un double objectif : compléter le maillage territorial et développer les activités « aval ».


Pouilly-en-Auxois, requalification du centre-bourg

Cette diversification par croissance externe a-t-elle constitué une étape importante dans le développement du groupe ?
Pour être franc, cela n’a pas été facile, principalement en raison du choc des cultures techniques. Autant, il avait été assez facile d’investir, depuis la position « médiane » de l’aménagement, toute l’ingénierie amont de la planification et de l’aide à la décision, autant entrer dans le domaine du bâtiment n’a pas été évident.
C’était un peu une aristocratie, travaillant pour des donneurs d’ordres différents, des budgets plus élevés… et même plus trivialement, c’était parfois de simples questions sémantiques : les termes « maîtrise d’œuvre » ou « environnement » ne voulaient pas dire la même chose pour l’aménagement et pour le bâtiment.
Il a fallu faire œuvre de pédagogie, et expliquer que l’aménagement territorial et urbain, c’est systémique, donc tout est important. Il ne doit pas y avoir de système de valeur en ingénierie territoriale. Mais si la greffe a pris du temps, elle a fonctionné, avec une activité en bâtiment qui est désormais largement sortie du Sud-Ouest et qui a grandement contribué au développement du groupe.

Procéder à cette intégration verticale vous a-t-il mis en concurrence avec les majors ?
À vrai dire, pas vraiment, car comme je l’ai indiqué, Verdi est fort sur ses implantations originelles, qui concernent des territoires périurbains et ruraux auxquels les majors ne s’intéressent pas spontanément. Il y a même eu une période où nous continuions à ouvrir des agences régionales alors que les majors en fermaient.
En nous focalisant sur des projets plus petits et pas forcément moins complexes, nous nous sommes bâti une expérience reconnue qui nous permet désormais de soumissionner sur des territoires métropolitains, pour lesquels, dès qu’on se situe à une certaine granulométrie de projet, nous nous associons avec des majors car nous avons conscience – eux et nous – d’être complémentaires. En dessous de cette granulométrie, nous sommes en concurrence, mais sur une fraction limitée de notre chiffre d’affaires.

Sur quelle expertise, quelles dimensions, les majors viennent-ils vous chercher, les maîtres d’ouvrage vous choisissent-ils ? L’environnement ?
C’est indéniable.
Nous avons une expérience et un capital de références en environnement, reposant sur des valeurs que nous n’avons eu de cesse de consolider. Par conviction, mais aussi pour ne pas se disperser.
Nous sommes une société du Nord qui a fait ses armes sur des territoires aux forts enjeux environnementaux, mais aussi où les élus – et je pense notamment à Marie-Christine Blandin, qui était présidente des Verts de la région entre 1992 et 1998 – ont mobilisé et poussé les acteurs à intégrer très tôt les questions environnementales.
Il ne faut pas oublier que chez Verdi, le déploiement de l’environnement vient des activités d’urbanisme et non d’aménagement, et qu’il irrigue et structure toutes les activités du groupe jusqu’à aujourd’hui, avec l’achat d’une société spécialisée en arboriculture urbaine pour traiter les îlots de chaleur, ou le développement d’activité de réemploi au service de l’économie circulaire.
Et cette culture environnementale est notre ciment, notre langage commun entre des activités parfois de plus en plus hétéroclites ou spécialisées. Car c’est sur cette double réponse que nous sommes attendus : maîtriser en généralistes tout le process du développement de projet, et apporter des solutions très techniques et innovantes.

Ce sont des enjeux importants en termes de ressources humaines, je suppose, aussi bien pour ce qui est de l’animation technique des équipes que du recrutement ?
Nous avons toujours eu un mélange de profils ingénieurs et universitaires, et je dois dire que l’évolution des capacités et postures des candidats nous convient bien ! Nous recrutons des ingénieurs qui ont de plus en plus des profils et des sensibilités de généralistes, et de plus en plus d’universitaires qui ont un bagage technique très solide. Il n’y a pas vraiment de question d’acculturation pour les nouveaux venus.
Ce qui a changé pendant les vingt ou trente dernières années, c’est précisément la diversification des profils qui étaient assez spécialisés et pointus à l’origine, mais ces ingénieurs-là (ESTP, etc.) ont longtemps déserté nos métiers pour aller dans la promotion immobilière ou la finance.
Aujourd’hui, certains reviennent vers l’ingénierie, avec une plus grande ouverture, des valeurs et des convictions fortes. Pour ce qui est de l’animation technique, il faut bien comprendre que les maîtres d’ouvrage, les cadres de consultation nous demandent une grande polyvalence entre les domaines, les échelles et les phases d’intervention. Elle n’est possible qu’à deux conditions : la mise à disposition d’outils collaboratifs performants pour travailler en mode projet, et un management de proximité qui sait rappeler, quand c’est nécessaire, qu’autonomie ne veut pas dire indépendance.

Précisément, qu’en est-il de l’évolution de la commande publique en ingénierie territoriale ou urbaine ? Êtes-vous confrontés à de nouveaux maîtres d’ouvrage ? De nouvelles commandes ? De nouvelles problématiques ?
L’ingénierie territoriale s’adresse en priorité à l a sphère publique et parapublique, aux collectivités territoriales et à l’économie mixte, mais aussi de plus en plus aux bailleurs sociaux qui élargissent grandement le spectre de leurs interventions pour se positionner sur des opérations d’aménagement, des programmes mixtes intégrant de l’habitat intermédiaire.
C’est très vrai dans les territoires où les aménageurs et promoteurs ont des réticences à se positionner et où les bailleurs sociaux jouent un rôle important pour l’ensemble de la dynamique résidentielle et de développement du territoire. Mais nos principaux donneurs d’ordres restent les collectivités qui sont confrontées à un double challenge : gérer des procédures de plus en plus complexes avec de moins en moins de moyens de toute nature. Souvent moins de ressources internes (en quantité et en qualité) et moins de ressources financières, ce qui les conduit à lancer des marchés pour des prestations globales (type conception réalisation et apparentés), sur des prix forfaitaires, et avec des budgets souvent limites.
Il ne nous est pas toujours garanti – dans de tels dispositifs – d’être à la fois utiles au maître d’ouvrage, fiers de ce que l’on fait et rentables ; donc nous sommes – chez Verdi, mais c’est aussi vrai pour bon nombre de nos confrères – de plus en plus en sélectifs dans nos réponses aux appels d’offres. Nous devons continuer à faire des marges pour innover, et parfois on nous assigne presque des objectifs ou des responsabilités de services publics, déconnectés de la réalité économique. Mais pour en revenir aux problématiques, à la commande proprement dite, il est évident que nous sommes confrontés à des projets de plus en plus techniques.
C’est-à-dire qu’au surplus de la complexité globale du développement du projet, se posent désormais des « challenges » techniques, comme lorsqu’on nous demande de mettre en œuvre des techniques ou matériaux originaux requérant des agréments ou de pousser le volet gestion ou maintenance des dispositifs.
À ce sujet, j’aimerais dire que nous sommes, tous, les maîtres d’ouvrage comme les prestataires en ingénierie territoriale ou urbaine, confrontés à des formes de paradoxes ou injonctions contradictoires liés à la loi MOP, dont bon nombre d’observateurs
– étrangers notamment – ont bien du mal à comprendre qu’elle soit encore en place, et qui est, du reste, érodée progressivement. Pour faire simple, tout le monde veut des projets plus raisonnés et responsables, on parle de frugalité… et on continue de rémunérer l’ingénierie sur le pourcentage des montants de travaux…
Les maîtres d’ouvrage publics sont confrontés à des enjeux ou ont envie de s’engager dans des problématiques nouvelles qu’il leur est impossible d’intégrer, et même de corréler, aux marchés d’ingénierie. Et plus globalement, une mauvaise habitude persiste, difficile à faire disparaître, qui consiste à considérer que tout est « payé » par les projets, par le développement… même l’innovation, même la durabilité environnementale, sociale et sociétale.
Or comment apporter des conseils, développer des projets intégrant la prise en compte des risques dans le contexte du réchauffement climatique, la mise en place de dispositifs particuliers ou innovants de nature à favoriser la résilience territoriale, la gestion des ressources ou le développement de la biodiversité dans ces cadres de marchés ? Ces sujets me préoccupent tout particulièrement, et je compte les porter lors de la Convention des entreprises pour le climat (du 9 septembre 2021 au 18 juin 2022, NDLR), car Verdi a la chance de faire partie des 150 entreprises engagées.

Ces nouvelles approches ont nécessairement un impact sur la posture professionnelle et l’exercice professionnel courant, n’est-ce pas ?
Oui, c’est très juste, d’ailleurs nous venons d’adopter une nouvelle base-line pour bien caractériser l’évolution de nos approches : nous qualifions notre activité – qui est la somme de nos métiers – « designer de territoire ».
Dès l’origine, nous avons qualifié notre activité « ingénierie territoriale » que nous rapprochions plus de l’ingénieur que du génie, de l’intelligence : nous affirmions de hautes compétences techniques, l’héritage historique du corps des ingénieurs, qui étaient avant la révolution industrielle aussi les architectes, et qui assuraient la conception globale des villes. Puis, petit à petit, cette conception a évolué pour se situer du côté du génie, c’est-à-dire du chef d’orchestre qui impulse le rythme, coordonne et dirige les musiciens pour exécuter une pièce de musique.
Mais depuis quelque temps, cette définition ne nous convenait plus car nous la jugions trop restrictive, trop conventionnelle, il lui manquait la dimension qui prend aujourd’hui de plus en plus de place dans nos missions et qui est la création : que l’on parle d’idéation lors de réunions de concertation, ou de prototypage de projet, de coconception…
Les grandes marges de progrès dans la conception des projets sont moins esthétiques que fonctionnelles et techniques, et à partir du moment où nous – Verdi – sommes désormais systématiquement partie prenante des process de conception, pour ce qui concerne la maîtrise des usages, l’innovation, il nous est apparu légitime et nécessaire de l’affirmer.

La notion de designer a-t-elle été bien comprise et acceptée en interne ?
Je ne vous cache pas que nous avions un certain nombre de doutes… Nous avions notamment peur que les ingénieurs ne s’y retrouvent pas. Et nous recherchions une vraie adhésion, parce que ce terme de designer, ce n’est pas qu’une définition du domaine d’activité du groupe, c’est une posture collective qui demande qu’on y adhère individuellement.
Mais les retours des collaborateurs ont été très positifs, et comme espéré, ce terme s’est révélé fédérateur, il crée un sentiment d’appartenance, une émulation que recherchent notamment les jeunes diplômés, car il est une réponse à « l’ubérisation » des métiers de l’ingénierie territoriale ou urbaine, une tendance lourde que la crise sanitaire risque fort d’amplifier.
Nous pensons que plus que jamais l’ingénierie est une matière et une pratique systémique et que les transversalités sont au moins aussi importantes que les expertises ; et que la fonction déterminante, c’est la fonction collective d’agrégateur intégré au process de conception. Elle est nécessaire en termes de performance, mais elle l’est aussi et surtout en termes de responsabilités vis-à-vis des maîtres d’ouvrage. Designer, cela veut dire que nous nous engageons.

Cet affichage de « designer de territoire » est-il bien compris, appréhendé par les maîtres d’ouvrage ?
Dans l’imaginaire collectif, le design évoque avant tout l’industrie, au même titre que l’ingénierie ; il n’y a donc pas de franc malentendu.
Mais pour répondre à votre question, oui, dans la mesure où nous leur expliquons que plus nous nous situons au cœur du process de conception et plus nous sommes en mesure de leur apporter ce qu’ils viennent chercher depuis toujours dans l’ingénierie : l’innovation, la technique et la sécurité.
Car nous n’oublions pas que nous sommes là pour apporter une forme d’assurance, dans un contexte de plus en plus complexe, incertain et même exposé en termes de responsabilités. Mais pas en position de garant ou de certificateur, en position de concepteur ou coconcepteur.

Pour conclure, quels sont, selon vous, les sujets d’avenir en matière d’ingénierie territoriale et urbaine ?
Nous ne sommes qu’au début du « re », du renouvellement, du réemploi… les opportunités en la matière sont immenses. Ce sont des questions qui en apparence peuvent encore sembler accessoires, alors qu’elles soutiennent des enjeux environnementaux, sociaux et financiers énormes. Et elles peuvent suggérer la simplicité, comme s’il suffisait de s’en remettre au bon sens, alors qu’en réalité elles sont très sensibles et complexes.